BOSSHARD, RODOLPHE THEOPHILE

* 7.6.1889 MORGES, † 17.9.1960 CHARDONNE

Maler und Zeichner.

Issu d’un milieu très pieux, Rodolphe-Théophile Bosshard naît à Morges, quelques mois après le décès de son père, agent de change en Pologne. Il vit avec sa mère, son frère et ses deux sœurs dans le pensionnat de jeunes filles tenu par sa grand-mère maternelle. Il poursuit des études classiques jusqu’au baccalauréat et fréquente, de 1907 à 1909, l’Ecole des beaux-arts de Genève, où il suit plus particulièrement l’enseignement d’Eugène Gilliard.

En 1910, il se rend pour la première fois à Paris et découvre le Musée du Louvre en compagnie de Gustave Buchet. En 1914, il épouse Ingeborg Schammer, dont il aura deux enfants, Manon née en 1915 et André, l’année suivante. Sa première exposition importante a lieu en 1916 à Lausanne dans la galerie que dirige Paul Vallotton. De 1920 à 1924, Bosshard vit à Paris, où il se lie avec Ossip Zadkine, Marc Chagall, André Derain, Jules Pascin, Gino Severini, Jean Lurçat et ses compatriotes les écrivains Charles-Albert Cingria, Blaise Cendrars et le peintre Charles Clément. Les critiques parisiens le situent alors parmi les grands peintres du moment; le Musée d’art moderne de la Ville de Paris acquiert plusieurs de ses toiles; l’artiste expose notamment aux côtés de Marc Chagall et Pablo Picasso.

De 1926 à 1944, Bosshard vit et travaille à Riex, dans une maison que met à sa disposition le banquier genevois René Hentsch en échange d’un droit de préemption sur sa production, qui est à l’origine d’une collection majeure de ses œuvres. Ses nombreux voyages, notamment en Grèce, en Algérie ou en Italie, lui fournissent de nouveaux sujets.

Dans les années 1930, deux commandes publiques importantes lui offrent la possibilité d’aborder de grands formats et de découvrir la technique de la mosaïque: Les Muses en 1934 pour l’Ecole supérieure de jeunes filles à Lausanne et la décoration du crématoire de Vevey en 1939.

En 1944, l’artiste s’installe à Chardonne, continuant à accueillir chez lui de jeunes peintres ou des artistes et écrivains français de passage. Le Musée Jenisch à Vevey organise en 1949 sa première rétrospective tandis que la collection Hentsch est présentée l’année suivante au Musée Rath à Genève. Sa notoriété lui vaut deux commandes de peintures de grandes dimensions pour Radio-Lausanne et la Mutuelle Vaudoise.

Il expose régulièrement dans des galeries parisiennes, en Suisse romande et alémanique. Depuis sa mort en 1960, plusieurs rétrospectives ont été organisées notamment au Musée cantonal des beaux-arts à Lausanne en 1962, au Musée Jenisch à Vevey en 1970, à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne en 1986 et au Musée d’art de Pully en 2000.

Après les œuvres de jeunesse de caractère expressionniste telle La ville folle (1910), Bosshard est influencé, dès la fin de la Première Guerre mondiale, par les recherches cubistes, particulièrement dans ses paysages de montagne rigoureusement composés et ses grands nus aux rochers, rendus plus expressifs grâce au point de vue plongeant qui souligne la force des phénomènes naturels. Dès lors, le nu féminin domine sa production, associé parfois au thème du double, comme dans Les deux sœurs (1927), ou à celui de l’oiseau, comme dans Léda (1941) ou Le nu aux oiseaux (1946), dont la figure principale bénéficie du même traitement pictural que les éléments du décor fantastique.

La lumière parfois arbitraire joue avec les volumes et éclaire de manière irréelle certaines toiles. La production de l’artiste est jalonnée de commandes de portraits qui, aux côtés de ses natures mortes et bouquets, lui assurent des revenus relativement réguliers. De ses nombreux voyages, il rapporte des croquis dont les thèmes inspirent sa peinture, oliviers, bateaux, arcades du Tessin. Dès la fin des années 1940, il poursuit un travail tendant à l’abstraction, fondé sur un univers minéral et végétal constitué notamment de cristaux et lichens, à la recherche d’une expressivité dans leurs formes. Mais seules quelques toiles, dont les esquisses pour une salle de musique, sont purement abstraites.

SIKART Lexikon zur Kunst in der Schweiz

Martine Jaquet, 1998, actualisé 2016 https://www.sikart.ch/kuenstlerinnen.aspx?id=4023381

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