TOEPFFER, RODOLPHE
* 31.1.1799 GENF, † 8.6.1846 GENF
Maler, Schriftsteller und Professor.
Rodolphe Töpffer est le fils du peintre de genre et caricaturiste Wolfgang-Adam Töpffer, qu’il accompagne à la recherche de motifs dans les environs de Genève. Très tôt, il déclare vouloir suivre les traces de son père, mais une maladie des yeux bouleverse sa vie. C’est entre 1819 et 1820, au cours d’un séjour de quelques mois à Paris, où il développe notamment sa culture artistique, qu’il renonce à la carrière de peintre, la mort dans l’âme. De retour à Genève, il se consacre aux études littéraires et devient sous-maître dans la pension du pasteur Jean Heyer. Grâce à la dot de sa femme, Anne-Françoise Moulinié, il fonde son propre pensionnat, en 1824. C’est à la tête de cet institut qu’il entreprend, jusqu’en 1842, quelques voyages dans les Alpes, en Suisse, en Savoie et en Italie.
En 1826, il publie sa première critique d’art, un pamphlet intitulé L’idée de Pierre Gétroz (...), et dessine sa première «histoire en estampes», l’Histoire de M. Vieux-Bois, qui sera suivie, jusqu’en 1845, du Docteur Festus et des histoires de M. Jabot, M. Pencil, M. Crépin, M. Cryptogame et d’Albert. A partir de 1830, Töpffer rédige et publie des opuscules sur l’art, qui seront repris après sa mort dans une édition augmentée. L’année 1832 marque un tournant dans sa carrière. Alors que paraît sa première nouvelle, La bibliothèque de mon oncle, Töpffer est appelé à occuper la chaire de rhétorique et belles-lettres de l’Académie de Genève. L’année suivante, il lithographie pour la première fois une histoire en estampes, l’Histoire de M. Jabot, et un récit de voyage, l’Excursion dans les Alpes. Durant les années 1830, son œuvre littéraire et ses albums lithographiques lui apportent une notoriété sanctionnée par la publication, dans la Revue des deux mondes, en janvier 1841, d’un long article signé par l’important critique Sainte-Beuve, alors qu’est annoncée l’édition parisienne des Nouvelles genevoises.
1841 constitue ainsi un second tournant dans la vie et l’œuvre de Töpffer. Depuis cette année, suite à la révolution radicale de novembre à Genève, il va militer dans les rangs conservateurs, s’affichant comme un ennemi du progrès industriel et de la démocratie. Polémiste dans l’âme, brillant satiriste, il contribue très activement au journal Le Courrier de Genève jusqu’en 1843. Parallèlement, il entreprend avec son cousin, l’éditeur parisien Jacques-Julien Dubochet, la publication des Voyages en zigzag, parus vers la fin 1843, puis celle des Nouvelles genevoises (1845), deux volumes enrichis de nombreuses illustrations gravées sur bois. Mais sa santé décline, sa vue se dégrade, et il est contraint de séjourner dans des établissements de cure, de renoncer à la direction de son pensionnat, puis à son enseignement à l’Académie. Peu avant de mourir en 1846, il se remet à peindre. Son œuvre de théoricien de l’art paraît en 1848 sous le titre Réflexions et menus propos d’un peintre genevois.
Rodolphe Töpffer fut instituteur, professeur, critique d’art, romancier, journaliste, dessinateur. Pourtant, il doit essentiellement sa célébrité posthume à ses histoires en estampes, car il est considéré comme l’un des pères fondateurs de la bande dessinée et comme son premier théoricien. En Suisse, on se souvient aussi du promoteur de la peinture alpestre et du mentor d’Alexandre Calame. Depuis quelques années, d’autres facettes du personnage sont étudiées, qui mettent en lumière l’évolution de ses positions idéologiques et esthétiques. La publication de sa correspondance et de ses pièces de théâtre, la réédition de ses nouvelles, romans et histoires en estampes, puis enfin la commémoration du cent-cinquantenaire de sa mort à Genève ont enrichi et corrigé l’appréciation du personnage, qui a longtemps reposé sur deux biographies publiées en 1886.
Son œuvre, aussi prolifique que polyvalent, s’est développé dans une tension constante entre domaine privé et espace public. En effet, ses premiers écrits, ses pièces de théâtre, ses albums comiques, ses récits touristiques sont d’abord destinés à son entourage immédiat. Peu à peu, leur diffusion fait éclater le cadre semi-privé formé par la famille, la pension et les amis. Töpffer s’efforce alors de se protéger en conservant l’anonymat dans nombre de publications. Avec la notoriété et la célébrité, vers 1832, puis après 1841, son image sociale est remise en cause, comme en témoigne son abondante correspondance. Le voilà maintenant dessinateur comique, écrivain à succès et illustrateur de ses œuvres littéraires, autant d’identités qui posent problème au respectable professeur et modeste chef d’institut.
La production de Töpffer comprend à la fois des œuvres dites sérieuses et d’autres jugées légères. Mais la frontière entre les deux genres est souvent difficile à tracer, tant l’auteur affectionne l’ironie, tant il se plaît à formuler de manière badine ce qu’il estime important: qu’il expose sa vision de la Suisse et du tourisme dans ses récits de voyage, qu’il développe ses convictions esthétiques dans ses opuscules sur l’art ou qu’il glisse ses idées morales et parfois politiques dans ses albums lithographiés, en particulier dans l’Histoire d’Albert (1845), un pamphlet antiradical.
Son œuvre dessiné, conservé pour l’essentiel dans les musées et bibliothèques de Genève, comprend des centaines de croquis inédits, le plus souvent à la plume et à l’encre de Chine, parfois au lavis, plus rarement à l’aquarelle ou au crayon. On y découvre ce qu’il appelait lui-même des «folies», des «âneries» ou des «gribouillis»: autant de croquis apparemment gratuits, exécutés pour son bon plaisir et celui de son entourage immédiat. Son œuvre graphique comprend aussi quantité d’illustrations qui évoquent ses voyages et ses nouvelles, et de nombreux paysages. Töpffer, dans sa manie du dessin, s’est emparé d’une foule de supports: albums, marges de livres, feuilles volantes, cartes à jouer, lettres ou éventails. La plupart de ces croquis se caractérisent par leur virtuosité et leur rapidité d’exécution, peut-être forcée par sa mauvaise vue. La spontanéité et la liberté sont également les principes fondateurs de son esthétique, opposée à la copie, à l’application mécanique de procédés quels qu’ils soient, qu’il s’agisse des usages imposés par les écoles ou de la technique naissante de la photographie.
Töpffer n’a jamais dissocié la pratique de la théorie, comme le montre l’Essai de physiognomonie de 1845, qui se présente comme une théorie appliquée des histoires en estampes et de la caricature. L’auteur y fait, entre autres, l’éloge de l’autographie, un procédé de décalque sur pierre lithographique, employé pour ses albums, car il conserve les qualités du trait et permet d’imprimer texte et image simultanément. Pragmatique de nature, Töpffer a aussi été ironiste dans l’âme, en réaction à l’ironie du sort qui, à l’âge d’homme, l’a contraint à renoncer à l’identité de peintre – une identité qu’il s’est efforcé de reconquérir indirectement, à travers ses écrits sur l’art, et par l’art du dessin.
SIKART Lexikon zur Kunst in der Schweiz
Philippe Kaenel, 1998, actualisé par la rédaction, 2016: https://recherche.sik-isea.ch/sik:person-4022847/in/sikart
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