DIDAY, FRANÇOIS
* 12.2.1802 GENÈVE, † 28.11.1877 GENÈVE
Landschaftsmaler.Fils de Jean-Louis, horloger d’origine vaudoise, et de Marianne Ducommun, tailleuse d’habits d’origine neuchâteloise, François Diday entre à l’âge de onze ans dans la classe de dessin de Louis-Théodore Constantin-Hiertzeler à Genève, puis suit les cours de l’Ecole de la Société des Arts, tout en coloriant des vues pour les marchands. Il se lie d’amitié avec Adrien Rival, avec qui il fait des courses de paysage dans la région, avec Charles-Joseph Auriol, qui l’introduit auprès de collectionneurs chez qui il réalise des copies, et avec Joseph Hornung. Auguste Robineau, peintre français de passage à Genève, fait de la publicité à son jeune talent. En 1823, il entre dans l’atelier d’Antoine-Jean Gros à Paris, où il ne restera que quelques mois, et expose pour la première fois des paysages au Salon de la Société des Arts à Genève. Grâce à une allocation de cette dernière, il entreprend l’année suivante le voyage en Italie, en compagnie de Rival. Les jeunes gens séjournent à Rome, où ils retrouvent Jean-Léonard Lugardon, et à Naples. Le manque d’argent les fait rentrer en 1825 déjà;
Rival meurt peu après. Contrairement aux avis d’Adam Töpffer, qu’il suit alors dans ses courses sur le motif, Diday aborde bientôt le répertoire montagneux, avec une prédilection pour l’Oberland bernois. Rodolphe Töpffer l’en félicite, mais lâchera bientôt son premier poulain pour Alexandre Calame. Celui-ci comptera parmi les premiers élèves que prend Diday à partir de 1829.
Exposant régulièrement à Genève, Diday figure aux livrets des expositions des autres cantons suisses, de Paris et de Lyon, d’Allemagne, de Bruxelles ou encore de Londres, recevant plusieurs distinctions. Son livre de commandes et ventes témoigne de son succès auprès d’une clientèle cosmopolite, comprenant de nombreuses têtes couronnées.
En 1837, il fait l’acquisition d’une maison au pied du Salève, où il s’installe quelque temps avec sa mère. Gravissant les échelons de la hiérarchie militaire jusqu’au grade de major, ce patriote sera l’adjudant du général Guillaume-Henri Dufour lors de la campagne du Rhin en 1856. Sympathisant d’un libéralisme modéré, qui le fait s’opposer tant aux radicaux qu’aux conservateurs, il devient membre du Conseil municipal de Genève en 1854 et sera réélu pendant vingt-cinq ans.
En 1852, il est le premier président de la Section des beaux-arts de l’Institut national genevois créé par le politicien James Fazy, sans renoncer pour autant à sa qualité de membre de la Classe des beaux-arts de la Société des Arts. Il participe à la société d’artistes Le Brunswick, créée par ses élèves et ceux de Calame, et fonde le Cercle des artistes en 1851, voué notamment à la défense des intérêts des peintres. Fort de son expérience personnelle et de sa longue pratique pédagogique, il proposera au Conseil municipal la création d’une école publique et gratuite de dessin de paysage, et s’efforcera de réformer les concours dont il déplore les programmes trop peu précis. Ses voyages le mènent en France, en Hollande et en Allemagne; il retourne deux fois en Italie et se rend encore à Paris pour voir l’exposition de Camille Corot en 1875.
Au soir de sa vie, le vieux maître apprécie paisiblement cette œuvre si différente de la sienne, et c’est dans la continuité de sa générosité à l’égard des autres artistes qu’il répartit sa fortune entre les siens et différentes institutions. La Ville de Genève se voit dotée de deux immeubles dont le revenu servira à acquérir des œuvres d’artistes suisses, et la Classe des beaux-arts d’une somme destinée à l’organisation de concours de paysage ou de figure dont Hodler sera un des grands bénéficiaires. Il lègue aussi à la Classe des beaux-arts une centaine de dessins d’après nature et autant d’études peintes. Ces dernières, conformément aux dispositions testamentaires de l’artiste, seront en définitive vendues pour alimenter le Fonds Diday.
On connaît le mot de Charles Baudelaire dans le Salon de 1845: «Calame et Diday. Pendant longtemps on a cru que c’était le même artiste atteint de dualisme chronique; mais depuis l’on s’est aperçu qu’il affectionnait le nom de Calame les jours qu’il peignait bien...» De fait, dans cette rivalité qui opposa les deux peintres et plus encore peut-être leurs partisans, Diday fut loin de conserver son avance d’aîné. En cette époque où les acquisitions pour le musée genevois, fruits de souscriptions publiques, étaient rares, il est significatif d’observer que L’orage à la Handeck de Calame précéda de quatre ans Le chêne et le roseau de Diday, entré en 1843 seulement au Musée Rath.
Le jugement sévère de Baudelaire parait fait pour confirmer la «déception» de Rodolphe Töpffer, passés les premiers encouragements adressés au jeune peintre. Töpffer pourtant ne semble pas avoir été seulement animé de considérations esthétiques. La sympathie de Diday pour les forces libérales contrariait ses propres convictions politiques, et sans doute sa préférence pour Calame était-elle favorisée par la personnalité de ce dernier, plus intérieure et plus sombre, faisant écho à la mélancolie qui habitait Töpffer, sous la surface caustique de ses œuvres, depuis que sa vue déficiente l’avait obligé de renoncer à peindre. Diday était tout le contraire. Bon vivant, célibataire aimant la vie en société et ses plaisirs bruyants, il était, aux dires de son ami François Gas, «...un beau spécimen de l’espèce humaine, d’une belle et vigoureuse stature et moulé comme un modèle antique».
La critique du temps fut partagée. On releva la facture un peu sèche et laborieuse, l’excès de détails dans lequel l’effet d’ensemble se perd, une tendance à la répétition, notamment pour les ciels nuageux... Le paysage alpestre lui-même, dans sa vision romantique grandiloquente, ne tarda pas à susciter une certaine lassitude. Mais on salua aussi le fondateur d’un genre promis à une belle fortune. Diday, Calame et leur cohorte d’élèves donnèrent à l’école genevoise ses lettres de noblesse, la rendant célèbre dans toute l’Europe. Une analyse approfondie de l’œuvre de Diday, devrait par ailleurs s’intéresser à son goût de la puissance physique, y compris dans la sérénité, tranchant avec le mysticisme de Calame, à son approche plus réaliste que poétique, perceptible par exemple dans Les baigneuses du lac de Brienz (1850).
Il importe enfin de rendre hommage au dessinateur. Comme tant d’autres à cette époque où le «fini» et le sentiment de la nature sont devenus difficilement compatibles, Diday se révèle bien plus séduisant dans la liberté de l’étude, peinte ou dessinée. Il y règne une sensibilité, une franchise, une économie bienvenues. Le peintre ne l’ignorait pas. Jetant à la fin de sa vie un regard sévère sur sa longue carrière, il commenta ainsi le legs qu’il fit à la Classe des beaux-arts: «Je considère ces études peintes d’après nature comme la partie la plus intéressante de mon œuvre d’artiste et je prie la Classe des beaux-arts d’avoir égard à l’affection toute paternelle que je leur porte afin que dans l’emploi qui en sera fait par elle, elle concilie autant que possible son intérêt, avec ma réputation d’artiste genevois.»
SIKART Lexikon zur Kunst in der Schweiz
Danielle Buyssens, 1998, actualisé 2016 https://www.sikart.ch/kuenstlerinnen.aspx?id=4022884
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