ARMLEDER, JOHN M.
* 24.6.1948 GENF
Zeichner, Installateur und Maler.
Né de mère américaine et de père suisse, John M Armleder passe son enfance à Genève dans le luxueux hôtel familial Le Richemond. Il découvre très jeune l’œuvre de Kasimir Malevitch lors d’un voyage à New York (1958) et rencontre John Cage au festival de Donaueschingen, Allemagne (1961); deux événements qui le marquent et annoncent les prémices de son activité artistique. Après un bref passage par l’Ecole des beaux-arts de Genève (1966–67) et un cours d’été à la Glamorgan Summer School, Angleterre (1969), il organise avec des amis sa première manifestation publique (Ecart Happening Festival, 1969), fondatrice du groupe éponyme. Menées essentiellement par John M Armleder, Patrick Lucchini et Claude Rychner, les activités du groupe – adepte d’une pratique collective à l’instar de Fluxus – se développent avec l’ouverture d’une galerie (1972), la réalisation d’impressions puis d'éditions (Ecart Publication, 1972), d'expositions, ainsi qu’au travers de l'Ecart Performance Group qui donne des récitals de performance. La galerie, située dans les locaux attenants au Richemond et dégagée d’impératifs commerciaux, s'adjoint en 1975 une librairie (Ecart/Books) spécialisée dans les avant-gardes des années 1970. Ce lieu alternatif et d'échange entre l'art européen et américain, est considéré par beaucoup comme l’un des plus importants en Europe pendant les années 1970. Armleder, très actif sur le plan éditorial, tient dès 1978 un stand à la Foire internationale d'art contemporain de Bâle.
La pratique artistique de John M Armleder est reconnue au niveau national dès les années 1970 par l’octroi de plusieurs bourses (notamment la Bourse fédérale des beaux-arts en 1977, 1978 et 1979), et par la représentation de la Suisse à la Biennale de Venise en 1986. Les années 1980 – période qui correspond à la fin des activités collectives du groupe Ecart (1982) – établissent sa notoriété sur le plan international avec ses célèbres Furniture Sculptures et ses peintures abstraites. Il est alors associé au courant néo-géo et appropriationiste. Il expose dès lors régulièrement dans d'importantes institutions européennes et américaines et participe aux principales manifestations internationales (Biennales de Sydney, 1986, de Lyon, 1993, de Valence, 2005, Documenta, Cassel, 1987, Exposition universelle, Séville, 1992). Son apport sur le plan théorique se déploie plus largement dans les années 1990: il est curateur de plusieurs expositions, notamment au Musée d'art moderne et contemporain de Genève, et l'un des commissaires de l'exposition Vides au Centre Pompidou (2009). Dès 1995, il enseigne à l'Ecole cantonale d'art de Lausanne et à la Hochschule für Bildende Künste de Braunschweig, Allemagne.
Il est enfin membre de la Commission fédérale des beaux-arts de 1992 à 2000. De 1989 à 2004, John M Armleder vit et travaille avec Sylvie Fleury avec qui il fonde, ainsi qu’avec son fils Stéphane Armleder, le label de musique de Noël Villa Magica Records (2003). Son intense activité artistique est interrompue par une brusque hospitalisation (2009–2010), expérience marquante au même titre que son séjour de sept mois en prison (1967) comme objecteur de conscience. Ancré dans le contexte artistique des années 1960 et des questions liées au statut de l’œuvre d’art et à la conception de l’artiste comme auteur original, le travail de John M Armleder y répond en adaptant son mode d’expression aux mutations de l’art, de son marché et du monde en général. D’une pratique collective post-Fluxus tournée essentiellement vers les happenings et les performances dans les années 1970, il poursuit sa carrière artistique seul dans le domaine de la peinture abstraite la décennie suivante, et s’exprime dès le milieu des années 1990 dans le format de l’exposition. Son œuvre offre un caractère changeant et multiple, en contraste avec l’apparence physique et vestimentaire immuable de l’artiste.
Dans les années 1980, Armleder s’inscrit à contre-courant de la Nouvelle Figuration, alors tendance dominante, en développant plusieurs corpus d’œuvres abstraites: les Furniture Sculptures, les peintures néo-géométriques et les Pour Paintings. Se référant à l’histoire de l’art abstrait du XXe siècle (constructivisme, suprématisme, Op'Art, art cinétique ou expressionnisme abstrait), il révèle la polysémie des signes artistiques et propose un faisceau de lectures. Ainsi dans ses peintures à «pois», le motif du cercle renvoie autant aux artistes de l’avant-garde historique que de l’expressionnisme abstrait (Alexandre Rodtchenko, Francis Picabia, Larry Poons), qu’à la culture populaire (design et mode de grande distribution, publicité, etc.). Par la suite, d’autres motifs, choisis pour leur banalité, les remplacent (smileys, splashes, choux-fleurs, cerveaux, têtes de mort, fleurs ou méduses).
Le jeu sur la dimension décorative de l’œuvre d’art, traditionnellement opposé, devient de plus en plus manifeste au fil des décennies. Ses Furniture Sculptures, dont la première pièce date de 1979, en offre un parfait exemple. En souvenir de la musique d’ameublement d’Erik Satie, celles-ci sont composées de mobilier récupéré, et par la suite de tout artefact (instruments de musique, sapins et guirlandes de Noël notamment), peint et juxtaposé à des toiles qui s’accordent dans leur coloris ou leur forme au meuble. Parallèlement aux peintures géométriques et dans un principe d'équivalence et d'indifférenciation des styles, Armleder réalise des toiles avec des coulures (Pour Paintings), réactualisant les pratiques de l'Action Painting, sans pour autant s’inspirer de la gestuelle expressionniste de ses artistes. Sur le plan incliné de la toile de coton, il déverse mécaniquement des pots de peinture, de vernis ou autres enduits industriels, faisant un usage immodéré de brillance.
Dans la seconde moitié des années 1990, Armleder rompt avec un certain formalisme et utilise l’exposition comme médium. Il met en œuvre un processus d’accumulation et de surcharge d’éléments hétérogènes – visuels comme sonores –, contraire aux codes traditionnels de la présentation des œuvres d’art et qui rappelle sa pratique des années 1970. Sont rassemblés pêle-mêle œuvres d’art comme matériel acheté en grande surface, vidéos de série B, néons, échafaudages pouvant évoquer des sculptures (notamment de Vladimir Tatline). L’exposition rétrospective du Musée d’art moderne et contemporain de Genève (Amor vacui, horror vacui, 2006–07) figure comme l’apogée de cette pratique. Armleder poursuit dans le format de l’exposition, centrant le propos sur la question de la signature de l’artiste par l’appropriation du travail d’autrui. Au Centre culturel suisse à Paris (2008), il laisse carte blanche au décorateur français Jacques Garcia pour réaliser l'exposition qu'il signe ensuite. A la galerie Caratsch à Zurich (2009), il conserve tout simplement l’exposition précédente – celle consacrée à Olivier Mosset, avec qui il a fréquemment collaboré – et y appose son nom. De l’accumulation d’objets de récupération à une esthétique kitsch telle que cultivée par Jeff Koons, le travail de John M Armleder, empreint de détachement et d’amusement, déjoue toujours et encore les notions de catégorie et de hiérarchie par le mélange des valeurs, sans militantisme ni radicalisme.
SIKART Lexikon zur Kunst in der Schweiz
Stéphanie Guex, 2014 https://www.sikart.ch/kuenstlerinnen.aspx?id=4000428
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